Il était un confinement…
J'ai lu le message d'Elise alors que j'étais dans mon jardin (eh oui, certains confinés ont plus de chance que d'autres) vers 23h, essayant désespérément d'observer la comète Atlas, et les idées sont venues en mode "cerveau de Tonio", c'est à dire vite, fort et en désordre… Mais il y en avait plein, comme les étoiles dans le ciel à ce moment-là : un premier ancrage dans le présent, celui du confinement, mais aussi le présent universel, celui des grands moments, ceux qu'on arrive à vivre parce qu'on est là en même temps que l'univers dans toute sa globalité : la vie, l'espace, le temps et surtout l'échelle. Celle des grandeurs.
J'ai pensé tout de suite à la série de photographies d'Elise Space Odyssey et son vaisseau caché. Je vous l'ai dit, j'étais là !
Le parallèle entre la comète et le Coronavirus m'a immédiatement frappé. J'ai pensé à la taille de la comète et à la taille du Covid-19.
Cette cohabitation entre Atlas, la pandémie, et moi, venait créer de la réalité existante, alors qu'invisible. À l'heure de la consécration de la réalité virtuelle, comment peut-on se limiter au simple sens pour prétendre recréer une réalité ? Comment adapter le passage de la comète et la diffusion du Virus et ses dommages avec simplement un casque sur la tête et des écouteurs dans les oreilles ? Nous sommes limités par la dimension palpable de notre monde, aux "5 sens" du terme. Ce confinement est une réalité, le Covid est une réalité et Atlas est une réalité. Mais nous avons chacun besoin de notre vaisseau caché pour les trouver, les vivre.
“Ne touchez pas le Covid-19 !”
En voilà un geste barrière efficace. Mais pour le comprendre, il faudrait accepter cette part du monde qui dépasse nos 5 sens, et ça, c'est compliqué.
Comment pouvais-je passer des heures à chercher quelque chose d'aussi grand qu'une comète sans la trouver ? Et comment quelque chose d'aussi petit que le virus pouvait-il avoir un tel impact sur le monde ? Si une comète de la taille du Covid frappait la terre, où que le Virus faisait la même taille que la comète Atlas, le problème ne se poserait pas. C'est donc bien une histoire d'échelle. En fait, en tant qu'être humain, je suis la référence de tout. C'est moi le menuisier qui ai construit cette échelle.
Finalement, on ne peut pas être infiniment grand ni infiniment petit quand on est tout seul !
C'est une vraie leçon de réalité !
Celle des choses qui nous dépassent, celle des choses qui font battre notre cœur plus rapidement, ou au contraire qui l'arrêtent.
Celle des soirées ordinaires comme j'en ai vécu plein (seul dans le noir avec mon télescope) avec celles des soirées exceptionnelles où je n'ai pas le droit de sortir de chez moi. Comme si le haut et le bas de l'échelle se rejoignaient, qu'elle devenait une roue de hamster, que le Covid-19 infectait la comète…Quel piètre menuisier je suis !
J'ai été très étonné en lisant des articles sur le confinement : les gens recommencent à cuisiner, les parents vont pouvoir passer du temps avec les enfants, "lisez !" nous a dit notre président…
Mais que sommes-nous devenus ?
Comment a-t-on pu oublier que passer du temps en famille, jouer, lire, se régaler plutôt que de se nourrir sont les bases de notre vie d'animal social ?
Et on les redécouvre dans notre isolement.
Comme c'est paradoxal !
Heureusement que les autres sont là quand je suis seul ! Je ne m'imagine pas lire les livres que j'ai écrit, écouter la musique que j'ai composé, jouer aux jeux que j'ai inventés, et tout ça pendant sûrement 6 semaines : PUTAIN C'EST CHIANT !
Ne soyons pas trop prétentieux en espérant que cette pandémie changera le monde. Nous sommes le monde. Alors changez-vous si vous en avez l'envie.
Personnellement, je vais essayer de faire de mon monde une échelle plus petite et plus solide, histoire de me sentir plus proche des deux extrémités.
Mais plus de roue de hamster, j'ai été assez confiné comme ça.
Ce texte est pour moi un nouvel ancrage, dans le présent du confinement. L'écrire et le partager sont les outils de construction de ma nouvelle échelle. Ancrez-vous, ça fait un bien fou !
Ça a commencé vite, fort et en désordre.
Ça se termine en prenant le temps, doucement et… un peu mieux rangé.
Antonio.
Inspiré de la photo Vaisseau caché dans la galerie Space Odyssey
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