ELISE VINCENT

Blog

2 visuels sur le compte Instagram de Visual Art Open Prize

Added Jun 15, 2020

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J'ai participé récemment au prix Visual Art Open pour les artistes britanniques et internationaux.

La sélection est en cours et les organisateurs choisissent dans l'entrefaite certaines oeuvres candidates à diffuser sur leurs réseaux sociaux.

J'ai eu la joie de découvrir deux de mes visuels sur leur compte Instagram :)

C'est ma deuxième participation. L'an passé, mes photos avaient passé la première phase de sélection. 

A suivre pour cette nouvelle édition...


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Création d'un logo en collaboration avec Mister Créa

Added Jun 9, 2020

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J'ai le plaisir de vous dévoiler mon logo créé par Mister Créa, studio de création 360°.

Un logo signature dont la forme circulaire et le monogramme font échos au hanko japonais.

Le bleu renvoie, entre autres, à l'eau, au ciel, à la rêverie et donc à l'imagination et l'onirisme dont il est question dans mes créations photo.

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Fin de l'appel à textes

Added Jun 8, 2020

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L'appel à textes Il était un confinement lancé à la fin du mois de mars s'est terminé le 15 mai dernier. 

Les cinq auteurs sélectionnés dans le "top 5" des textes seront dévoilés prochainement et recevront quelques petits cadeaux.

L'un d'entre eux obtiendra un tirage d'art original.

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Nouvelle page sur le site

Added Jun 6, 2020

Une nouvelle page a été ajoutée au site : événements passés où sont visibles quelques affiches et photographies d'expositions et salons.


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Un halo lumineux caresse mon corps rugueux [...] - un texte d'Alix Vargam

Added Jun 4, 2020

Un halo lumineux caresse mon corps rugueux et dense révélant les imperfections, traces des visites reçues au fil des ans. 

Derrière la surface à l’apparence lisse et morne, seul un œil attentif remarquera les innombrables défauts. Bien sûr, parfois, je fais peau neuve - je ne décide jamais du moment – alors pour un temps les marques du passé disparaissent, englouties comme tant d’autres strates de mes vies passées. 

Reste les failles, comme celle par laquelle s’engouffre en ce moment la langue flamboyante qui vient réchauffer mon âme. Entailles visibles toujours plus nombreuses, preuves que je suis avant tout multitude, patchwork bitumeux de blocs rapiécés dont l’unité tient du miracle, à l’image de ceux qui foulent ma surface chaque jour. 

Ceux-là aussi ont fait peau neuve. Quelque chose d’inouï est à l’œuvre ou plutôt quelque chose d’ancien qui rejaillit, quelque chose que j’ai connu il y a fort longtemps et que j’avais presque oublié. 

Il faut dire que jusqu’ici on me parcourait avec empressement, sans prendre le temps de me saluer, dans un flux de vrombissements sonores et nauséabonds, agrémentés de trompettes agressives. 

Mais le calme est revenu. Fini les cris et les infâmes cuivres dès l’aube. Le silence n’est plus là pour ponctuer le bruit - il a repris ses droits - et les notes qui l’accompagnent sont divines : volutes ailées et printanières, cascades enfantines de joie. Cette mélodie est aussi façonnée de mots. Jusque-là ils se faisaient pauvres et rares, on les jetait par dessus bord et la plupart rebondissaient à ma surface avec mon cuir pour seul écho. Dorénavant, les mots s’offrent et s’entrelacent : j’en découvre à chaque instant, en même temps que les histoires qu’ils racontent. 

Chaque jour est une symphonie et c’est avec une impatience tout neuve que je guette l’aurore. 

Les jours ensoleillés surtout concentrent mon attente car en plus de cette douce mélodie, j’ai alors droit à un flot de caresses inédites. Terminé les pas pressés, désormais on flâne et on s’égare sur ma peau, on prend le temps de me parcourir, on s’attarde dans mes recoins. Je sens de petites mains s’égarer sur ma robe, des balles au rebond agile, des museaux humides, des roues de toutes tailles et de toutes formes qui vont et viennent sans fumée ni vacarme, parfois même une paire de fesses voire un corps tout entier qui a chaud. 

J’ignorais que mes résidents étaient si nombreux et divers. Il faut dire qu’ils restaient toujours tapis dans leurs tanières ou bien occupés au loin, ne faisant que passer, ignorant ma veille carcasse. Les voilà qui de nouveau m’habitent. J’ai maintenant leur attention. Mon corps n’était pour eux qu’un vulgaire médium qu’on utilise sans soin. Désormais on s’active, pinceaux et outils en main, pour orner mes abords et c’est volontiers que je laisse la verdure conquérir de nouveaux territoires, elle aussi a droit à la fête. Je n’étais qu’un pont délabré à force d’être piétiné, une zone de transit dont personne ne se préoccupait. Désormais je suis un lieu de rencontre. 

Je suis une destination. 

Faites que cela ne s’arrête jamais. 

Une rue en temps de confinement 


Alix Vargam


Inspiré de Jour 6 de la galerie de la galerie La Croisée des chemins

"J'ai choisi cette photographie car j'ai aimé son côté direct, contrasté et faussement simple. J'ai imaginé que le but était d'attirer notre regard à nos pieds, sur le bitume de la rue que nous foulons chaque jour sans y prêter attention et je me suis demandée ce que cette rue aurait à dire en cette période si particulière."

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Aliénation : Un texte de Fanche

Added May 15, 2020

Le long des rivières perdues,

s'amassent les anges déchus

qui déversent leurs larmes,

attendrissant vacarme.



Les lèvres viennent goûter au breuvage,

pour se désaltérer.

Ces bouches rouges sang 

aspirent les spectres déments.



Ils l'entraînent vers eux,

martèlent mon crâne de pieux.

J'hurle à l'agonie des saints,

son, que personne ne retient.



Mais sonne la fin de la distraction,

Couché, à même les bourgeons,

aux pieds des chantants ruisseaux

agonise le cri du château.


Fanche


Inspiré de Le Cri du château de la galerie Particules imaginaires


Fanche écrit des textes courts, poèmes, dans toutes leur formes. Il a également écrit plusieurs nouvelles et deux textes pouvant s'apparenter à des romans. Il participe régulièrement à des appels à textes et concours d'écriture.

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De l’art de converser avec les grains de sable : un texte de Mickaël Andraud

Added May 14, 2020

Depuis plusieurs jours, la plage était déserte. Les habitants du village ne prenaient même plus soin de tourner leur regard vers elle. Ils marchaient les yeux rivés sur le sol, regrettant un instant les cris des mouettes. 

Mais, s’il y en avait une qui n’avait pas changé ses habitudes, c’était la vieille Plume. Et pour cause : elle était si courbée qu’elle ne pouvait voir que le bout de ses pieds. Elle se repérait aux détails du bitume, aux cailloux, à l’herbe et au sable. Elle allait, patinant avec ses petits pieds, reconnaissant les gens à leurs chaussures. Pour des mocassin marrons, un « Bonjour, m’sieur le maire ! », pour des sandales, taille 26, un « Je t’ai à l’œil, la petite Sac-à-croutes ! », des pieds nus, sales et poilus, un « Lâche la boisson, l’Asticot. Elle aura ta peau ! »

La vieille Plume était la plus vieille des femmes du village et c’était tout naturellement qu’elle avait reçu le titre de sorcière. Prenant son titre très au sérieux, elle marmonnait des choses dans une langue de son invention et les gens s’écartaient sur son passage. Même le docteur Hoburnis émettait des réserves sur la véritable nature de Plume, bien qu’en bon scientifique, il n’utilisa jamais le terme de « sorcière ». Alors qu’elle faisait son tour matinal le long de la plage, elle tomba sur des mocassins marrons : 

– Bonjour, m’sieur le maire !

Elle allait contourner le maire pour continuer sa balade, quand il se produisit une chose inattendue : le maire prit la peine de lui répondre :

– Bonjour, madame Plume ! Auriez-vous l’obligeance de m’accorder quelques minutes de votre précieux temps ?

Plume, voyant les lacets des mocassins bouger frénétiquement, compris que le maire tremblait. Elle demanda :

– Du temps ?

– Oui. Hum… vous n’ignorez certainement pas les difficultés qui s’abattent sur notre village…

– Difficultés ?

– Oui. Hum... La plage, madame Plume ! La plage !

– La plage ?

Elle se tourna de trois quart et, voyant le sable fin, déclara : 

– La plage est là, m’sieur le maire.

– Oui. Hum… mais elle est déserte.

– Déserte ?

– Alors, on... j’avais pensé qu’avec vos... habilités, vous pourriez aider le village.

Plume se retourna vers les mocassins qui trépignaient de nervosité. 

– Habilités ?

– Disons, pou-pouvoirs.

Plume contourna le maire en patinant tranquillement et s’éloigna en demandant :

– Quels pouvoirs ?


La matinée s’écoulait pâteusement et déjà la chaleur était lourde. Plume était plantée au milieu de la plage, les yeux rivés sur le sable chaud. Elle détaillait chaque grain, remarquant qu’ils étaient tous d’une forme différente. Elle passa sa matinée à les nommer un à un. Puis, son après-midi à discuter avec ses pieds, tentant une nouvelle fois de les réconcilier : ils étaient de bords politiques opposés. Enfin, le soleil se coucha avec une lenteur majestueuse, mais de cela, Plume, ne put voir qu’un dégradé que ses nouveaux amis les grains de sables mirent en parure, à son plus grand bonheur. Ce fut au tour de la voûte céleste d’éclairer la plage à coup de clins d’œil d’étoiles. Plume, toujours habillée de noire, se fondit peu à peu dans la noirceur de la nuit. Elle ouvrit longuement ses narines et huma l’air, captant un insignifiant vent salé. Elle baragouina quelques mots étranges auxquels répondit le vent, soufflant plus fort jusqu’à faire s’envoler son châle. Alors, Plume se redressa pour la première fois depuis cent sept ans. Sa bosse s’était enfuie avec son châle. Droite, elle put contempler l’horizon avec satisfaction.

Le lendemain, les habitants du village levèrent tous la tête en direction de la plage. Elle n’était plus un désert. L’océan était revenu. Les mouettes voletaient dans les airs. Les habitants coururent alors en direction des vagues, les pêcheurs de bulots se hâtèrent de prendre leur seau, les enfants allèrent  ériger des châteaux forts capables de résister aux grandes marées, les grands-mères s’armèrent de transat et de serviettes, les grands-pères de crèmes solaires et de glacières, la surveillante de baignade de son sifflet et de ses lunettes de soleil.

La petite Sac-à-croutes ramassa un châle noir sur la plage. Elle le plia en quatre et le déposa sur un banc, avant d’aller courir vers d’ingénieuses bêtises. 

Personne ne revit plus la vieille Plume. Plus personne ne se souvint d’elle. Mais tous se souvinrent longtemps du jour où l’océan revint au village. 


Mickaël Andraud


Inspiré de la photo Survol dans la galerie Acme


Mickael Andraud est né à Clermont-Ferrand, où il vit toujours. Âgé de vingt-neuf ans, il a été publié pour des nouvelles. Lauréat du prix Guerlain 2017 en partenariat avec les éditions Cherche midi pour la nouvelle intitulée : Piano. En 2018, il a été édité aux éditions Souffle Court, dans le recueil de nouvelle Robe de papier. Plus récemment, la nouvelle Le fils est parue dans un ouvrage collectif édité par l’association Histoire d’un parler, basée à Annecy. L’automne 2019 a été dédié à la co-écriture du scénario d’un court-métrage, en court de démarchage.


En parcourant les photographies, je suis tombé sur Survol qui m'a rappelé que je manquais à mon devoir de revoir l'océan. J'étais donc face à la Disparition. Elle fut naturellement le point de départ de la nouvelle De l'art de converser avec les grains de sable. Je voulais en faire un texte sucré, un goût de rappel avec une pointe de regret. Je voulais de la légèreté et de la simplicité. Je voulais que cela ressemble à un survol de mouette : furtif et déjà lointain. Je voulais donner un arrière-goût de Retour au texte, et effacé la Disparition comme une vague.  

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Talion : un texte de Fanche

Added May 14, 2020

Une étincelle aveuglante

Voix perler ce jour.

Une marée de sève entêtante.



Astarté voudrait-elle me cueillir ?

Je succombe, fébrile aux plaisirs.



Par un éclair éblouissant.

Laisser le vermillon couler à l’Aube,

Etang « raisineux » accablant.



Azraël voudrait-il me punir !

Je cèderai à son plaisir



Je, sang, coule, le repos et moi,

Enfin ma place se dessine.

Mon agonie, votre émoi.



Et, son reflet dans le miroir,

Ma vengeance prémonitoire.



La flamme accueillante,

S’abandonne à l’aurore.

Une lagune de sérum, déferlante



Le démon voudrait-il m’anoblir ?

J’irai, succomber, folie, le chérir.



J’ai éteint, complète plénitude.

Savouré votre ingratitude.

Vous brûlerez au pandémonium,

Disparaitre dans les fumée d’Opium !



Les maudits voudraient-ils me haïr ?

Je céderai, pour les assouvir !


Fanche


Inspiré de La Fureur de l'éléphant de la galerie Dans l'air...


Fanche écrit des textes courts, poèmes, dans toutes leur formes. Il a également écrit plusieurs nouvelles et deux textes pouvant s'apparenter à des romans. Il participe régulièrement à des appels à textes et concours d'écriture.


Participez à votre tour à l'appel à textes en cliquant ici  

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Derniers jours pour participer à l'appel à textes

Added May 13, 2020

Il vous reste 2 jours pour participer à l'appel à textes lancé depuis le 27 mars et remporter peut-être un tirage d'art original.

Envoyez vos créations inspirées d'une ou plusieurs photos présentées sur ce site dans la rubrique Portfolio jusqu'au vendredi 15 mai à 23h59.

Modalités de participation à consulter ci-dessous.

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Artiste visuel dont l’univers repose majoritairement sur l’abstraction et l’onirisme, je m’intéresse à la narrativité des images, aux récits individuels qui peuvent surgir devant une œuvre et au développement de l’imaginaire du spectateur.

En cette période de confinement où le temps s’égrène parfois lentement et où la peur de l’épidémie peut nuire à notre paix intérieure et à notre créativité, je lance un appel à textes pour le plaisir d’écrire et partager nos textes.


Thème de l'appel à textes

Poésie, nouvelles, textes courts, bande dessinée ou encore calligraphie… 

Toutes formes. Tous genres. 

Ecrivez un texte librement inspiré d’une ou plusieurs des photos présentées sur mon site www.elisevincent.net.

Le point de départ peut être l’image-même, un titre, une partie de présentation ou encore une impression générale sur son travail.

Plus de 200 visuels réalisés entre 2007 et 2020 sont répertoriés dans les galeries Space OdysseyTen days of artParticules imaginairesTraces du sacréAu fil de…La Croisée des cheminsCrystalliseLa Citadelle des ondes.


Publication des textes

Les propositions reçues seront publiées au fur et à mesure sur la partie « Journal de bord » (blog) du site www.elisevincent.net et j'en ferai la promotion sur mes réseaux sociaux.


Pour participer

Envoyez-moi vos propositions à elisevincent.photographie(at)gmail.com


- En précisant ce qui vous a inspiré au départ

- En indiquant vos éventuels site et réseaux sociaux 

- En joignant votre nom ou pseudonyme et quelques lignes de présentation de vous


Précisions

Le nombre de propositions n’est pas limité, tant qu’elles répondent toutes au présent appel à textes. 

Pas de texte déjà existant !

Les textes les plus longs pourront faire l’objet d’une publication en plusieurs fois.

Merci cependant de ne pas dépasser 10 pages.

L'appel est valable jusqu'au 15 mai.

Un top 5 des textes sera établi.
Plusieurs lots à remporter parmi lesquels des livres, des goodies et une oeuvre originale.

Tous les textes sont les bienvenus, que vous soyez auteur amateur ou confirmé.


Autorisation de diffusion

En participant, vous m'autorisez à publier numériquement vos textes et d’éventuels extraits, dans le respect de votre droit d’auteur, sur mon site et mes réseaux sociaux Pinterest, LinkedIn et Instagram dont voici les liens :

www.elisevincent.net

https://www.instagram.com/elisevincent.photo/

https://www.pinterest.fr/elisevincentphotographie/

https://fr.linkedin.com/in/elisevincentkledechan

 

Communication sur vos supports web

Mes visuels sont bien sûr soumis au droit d’auteur. 

Je suis par ailleurs représentée par l’ADAGP. 

Si vous avez envie de communiquer sur votre texte en diffusant l’un de mes visuels sur vos supports web, merci de me contacter au préalable à l'adresse email indiquée plus haut pour recevoir le visuel et connaître les informations à créditer.

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La Poupée : un texte de Constance Ecluse

Added May 13, 2020

Une frange qui tombe sur les yeux, un pull rayé et un col qui remonte jusqu'à mon cou. Cette fermeture éclair qui me pince la peau chaque fois que je la remonte trop vite. Trop vite pour ma peau, pas assez pour mon corps tout entier. Ce pincement et cette rougeur sous mon menton qui me rappellent que ce n'est pas un rêve. Une douleur furtive qui chasse les douleurs primitives. L'impression de voir la vie en négatif, comme ceux que maman laissait au début des albums photos de famille. Les négatifs qu'on scrutait pour retrouver le bon et la bonne photo à aller faire développer et agrandir pour accrocher au dessus du fauteuil. Ce fauteuil gris, marron, à la couleur impossible à écrire, aux accoudoirs usés et limés par le temps, par nos bras, par mes bras, par ses bras. Ce fauteuil où tant de fois je l'ai vu s'asseoir de façon négligée, les jambes écartés, comme si le poids du monde était sur lui, entre ses jambes, sur ses genoux. Ses genoux qui me portaient comme on porte une enfant qui n'est pas la nôtre mais qu'on touche comme si elle était notre poupée. Une poupée de porcelaine aux yeux vides, aux cheveux rêches et cette frange qui tombe sur les yeux. Encore. Une poupée qui sourit. De moi sûrement. L'une de nous est vivante et pourtant pas capable de se défendre, pas capable de désobéissance, pas capable de fuite, pas capable de tout dire. Elle peut rire. Elle est en chiffon, moi de chair et d'os et pourtant c'est moi qui subis comme une loque, un pantin, une chose. Cette poupée me snobe depuis le haut de l'armoire. Je la déteste. C'est moi. Le pull rayé en moins. Elle a le bon goût de porter une jolie robe rouge et un gilet assorti. Pas de fermeture éclair pour la pincer. Elle, personne ne l'a touché. 

    Et de nouveau les souvenirs, ces éclairs qui s'invitent dans ma tête. Le souffle court et toujours cette vision en négatif. Comme si les couleurs étaient effacées. Comme si la vie avait décidé de se barrer de cette chambre, de ce couloir, de cette salle de bain, de cette machine à laver coincée dans un coin. Une vision en négatif qui ne laisse passer que les contrastes de ses traits. Les poils de son visage, les rides qui se forment et se déforment autour de ses yeux qui me regardent et me transpercent. Ses sourcils qui se froncent quand il sait que je vais dire non et mon corps qui bouge pour lui obéir alors qu’il veut fuir.

    Et cette décision, 20 ans après. Cette décision de faire passer le négatif en couleur. De développer ma mémoire. De développer les images de ce qui s’est passé. De passer dans le clair tout l’obscur de ces journées en enfer. La décision de ne plus être une poupée. La décision de laisser la lumière brûler les négatifs. Tuer la négativité. Basculer dans le positif. 


Constance Ecluse


Inspiré de la photo La Décision de la galerie La Citadelle des ondes

Participez à votre tour à l'appel à textes en cliquant ici  

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Œuvres © Elise Vincent, ADAGP, Paris, 2023
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