Ronde abeille, assoupie,
Où que tu sois ton climat est le mien.
[...]
Timonière à la course erratique, éclaireuse des déserts,
Puis-je te poursuivre en tes ondes ;
Plus près, toujours, moi qui t'écoute
Chanter dans les buissons et le lierre.
Insecte amante du soleil,
Joie de ton royaume !
Navigatrice des airs ;
Voyageuse de la lumière et du zénith ;
Epicurienne de juin ;
Attends, je t'en prie, que j'approche
De ton bourdonnement,
Dehors tout est souffrance !
[...]
Toi, dans les solitudes ensoleillées,
Vagabonde des sous-bois,
Tu troubles le vert silence
De ta basse aérienne et suave.
[...]
Mon insecte n'a jamais vu
Chose sale ou rebutante.
[...]
Bien plus sage que le prophète humain ;
Philosophe culotté de jaune !
Ne voyant que ce qui est beau,
Ne buvant que ce qui est doux,
Tu te moques du destin et du souci,
Et à l'ivraie préfère toujours le grain.
Extraits d'un poème de Ralph Emerson publié dans le recueil Insectes de Lafacadio Hearn.
Ce poème a été lu par Estelle Delort, présidente de la troupe théâtrale Du Bruit sur les planches lors du vernissage de l'exposition Vol à dos d'abeille en mai 2019.